Gaufrages sur papier, 2017
Le travail d’enquête réalisé sur l’affaire des procès Delancre (chasse aux sorcières, Labourd, 1609) pose de nombreuse questions éthiques, esthétiques, historiques…
Parmi ces différents niveaux de réflexion, une question semble pertinente du point de vue de l’image, il s’agit de l’identité des victimes. On connaît leur nom, parfois même leur généalogie, mais la distance qui nous sépare de cette période a effacé trop d’indice pour que nous puissions réellement les identifier. La sensation que procure cette idée que l’image que nous avons d’elles s’efface à mesure que nous étudions leur cas est à l’origine de ce travail en forme de traces quasi-abstraites, silhouettes de femmes pétrifiées par ce qui leur arrive. Les modèles utilisés pour réaliser ces gaufrages sont des personnages appartenant au monde du cinéma, Carrie de Carpenter, Possession de Zulawski -et autres-, dont la situation isolée dans le film ressemble de quelque manière à celle des «sorcières» de Delancre. Le travail de gaufrage efface volontairement les détails permettant d’identifier les visages, laissant le spectateur face au traces d’un individu privé de son identité.