Observateur des changements que subit la société contemporaine, Béranger Laymond interroge la complexité du rapport à autrui et à la communauté, à travers les transformations du paysage urbain, les mutations des collectivités ou encore la place de l’être solitaire.
Puisant dans l’actualité, l’artiste en extrait certains faits et événements sociaux, flirtant avec l’absurde. A travers un humour décalé et les références cinématographiques, il met en scène un regard critique sur le paysage social actuel. L’artiste use d’ironie dans les titres de ses œuvres, mais aussi dans les multiples références politiquement incorrectes ou encore les glissements vers l’irrationnel. Un questionnement sur l’utopie et ses déviances, vaines tentatives d’évasion, telles une expansion immobilière entre paradis fiscal et favelas. A travers les œuvres de l’artiste, l’architecture semble elle-même contenir une dissonance cognitive.
Béranger Laymond emprunte son champ lexical à l’énergie culturelle qui gravite autour des minorités. Les communautés en marge, qu’elles soient sociales ou artistiques, poussées à inventer leurs propres codes en dehors de la culture dominante, regorgent d’un répertoire esthétique et critique riche, propice à questionner l’actualité. Inspiré par le punk, le cinéma d’horreur et de série B des années 70 indissociables d’un contexte de crise sociale, il réalise des installations-microcosmes. Sous les façades lisses perce « l’inquiétante étrangeté » des maisons pavillonnaires. A travers les détails incisifs, le soin apporté aux objets référencés, échos à des récits fictionnels, contes ou films, les œuvres résonnent dans l’inconscient collectif.
En regard à la surpopulation et aux rapports de collectivités, les œuvres de l’artiste répondent à la préoccupation du devenir de l’individu. Un questionnement sur les alternatives qui s’offrent à lui face à la violence sociétale, à défaut de solutions. En émerge une vidéo road-movie, relatant l’entreprise d’autonomie en milieu rural, en décalage sur son temps et pourtant ancrée malgré elle dans les problématiques contemporaines. Les installations se construisent sur une dichotomie, offrant une alternative contenant son propre piège, l’enfermement. Dans sa dernière exposition l’isolement social apparaît sous les traits du personnage du film de Brian de Palma, Carrie, figure vengeresse du rejet de l’individu.
A travers ces œuvres miroirs, l’artiste déploie dans l’espace ses intuitions à propos de mondes contemporains en constante restructuration. En émerge une esthétique du trouble, dans laquelle l’individu se contorsionne pour décider de sa place et créer son devenir.